the sun, the moon, the truth > annika.

Bonjour, je m'appelle annika sørensen mais vous pouvez aussi m'appeler anni. Je suis née le vingt-huit novembre 1990, en argentine, ce qui fait que j'ai actuellement vingt-cinq ans bien que j'ai l'air d'avoir dix-huit ans. Je suis également un loup-garou. Je suis célibataire et je suis hétérosexuelle. Je suis du groupe des enfants de la lune. J'ai donc les mêmes dons que le reste des membres de mon espèce. On dit que je ressemble trait pour trait à shelley hennig.

Tu as toujours eu des idées bien tranchées, des envies précises et un manque de tact flagrant te donnant de petits airs sauvages ; mais ta solitude, ta détresse et la souffrance de la perte d'êtres chers à ton coeur auront fait de toi une jeune fille qui parle peu et préfère désormais rester discrète, possédant aujourd'hui un réel blocage à l'idée de t'ouvrir à nouveau aux gens qui t'entourent. Pourtant, dès lors que tu aimes, tu es d'une loyauté sans pareil ; mais tu restes, malgré toi, quelqu'un de facilement terrifié et lâche - et tu sais ta compagnie ne pas être fiable, ainsi tu considères faire un acte de bonté en évitant d'entrer dans la vie d'autrui.

Ton instinct de survie te pousse continuellement à fuir, dès lors qu'une situation ne tourne pas à ton avantage, il n'est donc pas aisé de t'approcher. Tu sais d'ailleurs te faire rusée et imaginative dès qu'il s'agit de prendre la poudre d'escampette : oui, toi qui passes ton temps à esquiver quiconque te faisant te sentir mal à l'aise, tu es devenue imbattable en la matière - et l'on peut dire que rare sont ceux réussissant à ne pas te faire décamper dès les premières secondes de votre rencontre.

Tu penses t'être faite à la solitude et être la reine de l'autonomie, mais tu restes quelqu'un haïssant être dénuée de compagnie : tu es un loup, tu as besoin d'une meute et d'un entourage présent. Ainsi, comme beaucoup dans ton cas, tu as tendance à sombrer dans la déprime, broyant fréquemment de nombreuses idées noires.

Tu fermes les yeux et tu te souviens, dans la douleur la plus totale, de ton passé. De ton histoire. Tu te remémores ton enfance, pas toujours facile, dans le nord de l'europe ; toi, petite fille adoptée en Amérique Latine puis expatriée au Danemark, tu n'auras jamais su t'intégrer, ne pouvant oublier ce pays ensoleillé abandonné à l'âge déjà bien avancé de dix ans. La langue aura elle aussi été une véritable barrière, toi qui n'auras jamais réussi à effacer tes résonances hispaniques - et la mort de tes parents, toujours ancrée dans ton esprit, t'aura empêché de considérer ceux t'ayant sorti de l'orphelinat comme une véritable famille. Pourtant, tu auras essayé. Oh Dieu que tu auras essayé, mais les images inlassables de l'accident de voiture duquel seule toi ressortis vivante n'auront jamais cessé de te tourmenter l'esprit. Et c'est dans une solitude totale, repoussant quiconque aurait souhaité te connaître, que tu entamas ton adolescence.

Cible à la démarche emplie de colère, mais dont une fragilité évidente s'était toujours émanée, tu comprends aujourd'hui aisément pourquoi ce matin-là, en te rendant au lycée comme à ton habitude, il te choisit. Tu n'avais alors ni véritables attaches, ni véritables rêves ; tu étais visiblement au gouffre de la dépression et ne semblais pas même posséder l'envie de survivre. Et tu ne bronchas effectivement pas, comme il l'avait certainement envisagé, lorsque cette bête surgit au milieu du chemin que tu avais l'habitude d'emprunter en vélo, en pleine forêt. Lorsqu'il surgit, se mettant à grogner face à toi. Au contraire, tu te contentas de le regarder, plus impatiente qu'autre chose, le suppliant de tes yeux humides dans une complainte silencieuse afin qu'il t'achève le plus rapidement possible. Et tu crus naïvement qu'il le ferait, alors qu'il se jetait à ton cou ; mais tu eus le regret, quelques heures plus tard, de te réveiller à l'écart du chemin, plus en vie que jamais. Le sang avait beau dégouliner d'une plaie béante englobant la totalité de ton épaule, tu étais en vie - et persuadée d'être devenue, en plus du reste, complètement folle.

Les jours suivant furent les plus éprouvants de ton existence. Ton corps changeait à vue d'oeil, tes instincts se réveillèrent et tu fus incapable de lutter lors de la première pleine-lune ; tu décimas la totalité de ta famille d'accueil, avant de fuir dans la forêt, espérant retrouver celui t'ayant créé, complètement paniquée. Et tu le retrouvas, découvrant alors que tout ce dont tu venais d'être la cause n'était qu'un rite de passage afin d'entrer dans la meute de cet homme. Il t'avait poussé à couper tes derniers liens avec cette société et, malgré toi, la mort de ces gens te procurait un indéniable sentiment de liberté. Ta culpabilité te rongeait, mais tu te sentais bien. Tu étais enfin seule, enfin livrée à toi-même - ou du moins, d'une certaine manière. Tu faisais désormais partie de ses rangs, tu étais l'une des leurs ; et jamais encore tu n'avais eu cette sensation d'appartenance totale, cette impression indescriptible d'être à l'endroit exacte où tu te devais d'être.


Vous n'étiez pas parfaits. Ta meute commettait des erreurs, certains avaient de légers soucis de discipline, mais ils étaient ta famille. Et tu leur devais la vie que tu possédais à cet instant-là. Ils t'avaient rendu plus forte, ils t'avaient appris à te battre et dompter ta force, ils t'avaient permis d'aimer et faire confiance à nouveau - tu aurais tué pour eux. Pourtant, tu n'avais rien pu faire cette sombre nuit d'hiver. Tu avais été impuissante face à ces suceurs de sang venus vous régler votre compte et tu les avais observé, tapie dans l'ombre, décimer la totalité de ton clan. La terreur t'avait envahie et paralysée, elle t'avait poussé à fuir le plus loin possible. Tu avais cédé à cette panique incontrôlable, comprenant votre sort scellé, et tu les avais abandonné face à leur destin. Tu n'avais pas assumé la mort censée s'abattre sur ta personne, tu ne les avais pas accompagné dans le voyage auquel vous auriez dû tous participer - non, toi, tu eus la vie sauve. Encore une fois, tu fus l'épargnée, la survivante de cette vie qui donne et qui reprend. Et tu ne le dois, aujourd'hui encore, qu'à ta lâcheté.

Tu ne pus jamais te regarder à nouveau dans un miroir. Tu ne pus jamais plus courir à travers les forêts scandinaves sans penser un seul instant à ceux qui te manquèrent à la seconde même où tu compris ne jamais plus les revoir. Tu te devais donc de partir, au cas où ces vampires t'avaient remarqué et seraient toujours à ta poursuite, au cas où rester dans ces contrées de souvenirs te rendrait trop nostalgique et suicidaire - et, d'instinct, tu choisis de rejoindre l'Amérique du Nord. Ça semblait si loin, mais si familier à la fois ; et, sans que tu ne saches vraiment pourquoi, tu achetas un billet d'avion pour l'État de Washington, décidée à te rendre dans la ville de Forks. Comme attirée par cet endroit, sans réussir à te souvenir de quand et comment tu avais entendu que ce lieu se trouvait être reculé et pluvieux, tu t'y rendis afin de t'exiler et te faire oublier du monde entier durant quelques temps. Te réfugiant dans la forêt avoisinant la ville, tu eus vite fait de te trouver un petit coin où vivre une existence sauvage et dénuée de compagnie humaine. Cependant, cette solitude devint rapidement un fardeau - et tu ne résistas pas, de temps à autre, à quitter ta forêt afin de rejoindre les quartiers animés du coin. Tu ne résistas pas non plus, au bout d'une année, à t'inscrire au lycée, toi qui ne l'auras jamais terminé. Tout à coup frappée par l'envie d'exister à nouveau et de te reconstruire, tu choisis de sortir du deuil infini dans lequel tu t'étais plongée quelques temps auparavant - et tu te remis à exister en tant qu'être humain, en tant que femme. Pour la première fois, tu réalisas que ce n'était peut-être pas si mal, d'être comme tout le monde. Et tu choisis de faire semblant, de te trouver un travail et un appartement, et de vivre comme si tu venais tout juste d'avoir dix-huit ans - croyant naïvement qu'une louve de ton espèce passerait inaperçue dans une ville telle que Forks.